C’est aujourd’hui, en ce mardi 10 octobre et c’est Housing Rights Watch qui le dit mais aussi la ligue des droits de l’homme.
« Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient
qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ;
la souffrance est une loi divine ;
mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment
qu’on peut détruire la misère. »
— Victor Hugo, discours à l’assemblée nationale, 6 juillet 1849.
En ce jour emblématique, le gouvernement au travers de deux de ses ministères, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le Ministère de la Transition énergétique affirme son engagement à un niveau historique pour la politique d’hébergement et d’accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées.
« Vous voulez les misérables secourus,
moi je veux la misère supprimée. »
— Victor Hugo [1802-1885].
Mais il faut croire que tous les acteurs de pouvoir ne sont guère sur la même longueur d’onde car ce 10 octobre marque également l’entrée en application d’un un surprenant arrêté (n° 2023-01196 du 9 octobre 2023) de la Préfecture de Police de Paris (le Préfet de Police est nommé en conseil des ministres donc par le Président de la République et ses ministres) interdisant les distributions alimentaires dans un secteur à cheval sur les IXe et Xe arrondissements de la capitale.
« Les mots sont petits. Maigres. Sans grâce.
La misère du monde trop grande trop profonde. »
— Richard Bohringer, L’ultime conviction du desir.
Est-ce là, une provocation délibérée de la part du gouvernement ? (à moins qu’il n’y avait une urgence impérieuse et absolue à agir ainsi en ce jour précisément ?)
Est-ce là, une réponse nécessaire à un véritable et fondamental problème de sécurité aux abords des distributions dans ce secteur ?
Est- là un test en vue de J.O. de 2024 que que le gouvernement voudrait sans SDF dans la capitale ?
Quelle que soit la bonne réponse, sachez que la question de cet arrêté est reprise par la plupart des médias et qu’une association (Utopia 56) a déposé un référé devant la justice :
– Le Monde : Les distributions alimentaires interdites dans le nord de Paris
– France Info : Interdiction de distribution alimentaire dans un quartier de Paris : Utopia 56 a déposé un référé
– 20Minutes : Le préfet de police interdit les distributions alimentaires dans un quartier de Paris
– Huffington Post : Paris : l’interdiction de distributions alimentaires pour les migrants et les SDF ulcère les associations
– L’insoumission : Scandale – des sans-abris privés d’eau et de nourriture sur ordre du préfet de Paris
« Le vrai secours aux misérables,
c’est l’abolition de la misère. »
— Victor Hugo [1802-1885].
D’autres politiques (les maires, par ordre alphabétique, de Bordeaux, Grenoble, Lyon, Paris, Rennes etStrasbourg) usent de cette date symbolique du 10 octobre pour demander des comptes à l’Etat relativement à sa politique de lutte contre le sans-abrisme jugée défaillante :
– Ouest France : Hébergement pour les sans-abri : six villes, dont Rennes, font un recours contre l’État
– France 3 Rhône-Alpes-Auvergne : Sans-abris. 18 mois pour obtenir une place en hébergement d’urgence : le maire de Lyon attaque l’État
– Place GRE’NET : Grenoble demande à l’État de rembourser les frais engagés pour l’hébergement des sans-abris
– Rue89Strasbourg : Avec cinq autres villes, Strasbourg attaque l’État pour ses carences dans l’hébergement des sans-abris
– Bordeaux et vous : Sans-abrisme : Bordeaux et cinq autres villes interpellent l’État
– MaireInfo : Hébergement d’urgence : six villes intentent des recours
« J’avais entrepris une lutte insensée !
Je combattais la misère avec ma plume. »
— Honoré de Balzac.
Et dans une semaine, le 17 octobre, ce sera la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Il ne nous reste donc plus que quelques jours pour agir à moins que la thématique de la misère n’ait encore de nombreux jours devant elle…
« La connaissance de Dieu sans celle de sa misère fait l’orgueil.
La connaissance de sa misère sans celle de Dieu fait le désespoir. »
— Blaise Pascal, Pensées de Blaise Pascal, édition de 1870.